Avec K!, Jérémie Kiefer, Albane Aubry ou Andoni Iturioz, avec les furieux et punk Zissis the Beast, avec bien sûr 3 Minutes Sur Mer, ces très remarqués et voltigeurs cousins de Radiohead, Bashung ou Patrick Watson, Samuel Cajal a beaucoup écrit, produit, accompagné – mais jusqu’ici, jamais pour-lui-même. Se lancer en solo était une exigence impérieuse intime, et le grand bond dans le vide du Parisien est vertigineux. Conçu avec ses comparses Johan Guidou et Matthieu Lesenechal dans la même veine minimaliste et incandescente que son héros Troy Von Balthazar, son premier album Une issue va droit au but et droit au beau, plein de colère retenue (l’implacable introduction Cœur Noir, avec Wilfried Hildebrandt), de rage gracieuse, de clairs et d’obscurs, d’arrangements à la discrète amplitude, de mélodies lumineuses (Langoureusement), rappelant Bertrand Cantat, Low, Pascal Bouaziz, Flotation Toy Warning, Dominique A. La politique générale et les renoncements personnels (la douce et amère Indigné, avec Nellyla), l’amour et la haine, les batailles universelles du quotidien ou le deuil d’un père (la crépusculaire Décibels, avec K!), les mots du garçon marquent l’âme d’un bel acide. Au-delà de cette Issue naît ainsi un chemin : celui qu’emprunte, poétique et rageur, un auteur qui s’affirme.
Thomas Burgel