C’est sur la base de ses initiales, AV, qu’Adrien Viot a calé ses premières pierres. Après une poignée de morceaux dark synthétiques en VF et de concerts chaotiques notamment en première partie d’Étienne Daho, générant sueurs froides et élévation sensuelle, Adrien passe enfin au format long. Suite aux bras de fer entre boîtes à rythmes tendues et claviers suffocants, au talk over chuchoté et à l’imprégnation cinématographique d’un certain genre, le projet drivé par le garçon nyctalope subit une décoloration, rouge aux enluminures. AV n’est plus, voici VIOT : le nom apparaît, le flou devient concret, l’homme ne se cache plus pour chanter. Les mots sont toujours articulés dans le langage de Manset, la voix a pris du coffre, le timbre se dévoile, nu, rien n’est enfumé.
Qu’il fricote encore avec le septième art, pour le plaisir de la grande action, qu’il fantasme Astana ou qu’il pointe de l’ongle des ruptures brutales, VIOT livre des textes finement ciselés, grinçants, tournés et retournés dans tous les sens, qui réactualisent « l’écriture à tiroirs », de celle qu’on n’a pas fini d’explorer pour en saisir toutes les subtilités cachées. Ses paroles s’avèrent autant personnelles, pour la dimension autobiographique, que singulières, pour faire allusion au style, enlevé.
Réconciliant Death in Vegas, Mark Lanegan et Christophe, l’instrumentation s’est étoffée, le minimalisme électronique a laissé place à l’électricité romantique, aux sonorités brutes, acides, vrombissantes. Quand les triturations (ba)rock embrassent l’expérimentation du verbe, la précision des images, la hargne et l’élégance du phrasé, la musique en ressort forcément grandie. Telle une renaissance.